Bientôt 20 ans de services : Rencontre avec Mounir BOUAZZA

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Mounir

Qui ne connaît pas Mounir ? Quiconque a déjà eu affaire au BAJ a, forcément, déjà eu Mounir au bout du fil. Mounir BOUAZZA est une institution. Après Carine PAHAUT et ses 10 ans de bons et loyaux services pour l’Ordre, il nous semblait dès lors nécessaire de présenter Mounir et ses « presque » 20 ans, au service du bureau d’aide juridique.

Florence Natalis (FNA) : Depuis combien de temps travailles-tu au bureau d’aide juridique ?

Mounir BOUAZZA (Mounir) : Ça va faire près de 20 ans. Je ne sais plus exactement en quelle année je suis arrivé (entre 2000 et 2002, je dirais). J’avais fait plein de petits boulots et puis j’ai été choisi pour faire l’accueil pour la CAJ. On était que deux à l’époque. On devait être comme des « couteaux suisses » : il fallait faire l’accueil, les désignations, répondre à toutes les demandes quelles qu’elles soient.

Aujourd’hui l’équipe s’est étoffée. On fait toujours tous un peu de tout mais on a quand même un peu ses « spécialités ». Sylvie [Dufranne] est plus axée sur la jeunesse et les malades mentaux. Je m’occupe plus des permanences (détenus, étrangers, droit commun). Adrien [Jespers] et Isabelle [Castellano] s’occupent du droit commun. Raphaël s’occupe de l’accueil du BAJ. Aïcha [Messirdi, actuellement remplacée par Martin Wettinck] du droit des étrangers et de Salduz.

FNA : Comment se passe votre travail au quotidien ?

Mounir : Deux jours par semaine, on assure une permanence dans nos nouveaux locaux. On reçoit les justiciables, on rédige les documents, on désigne les avocats, s’il y a une urgence on téléphone pour prendre rendez-vous, on scanne les désignations pour les envoyer aux avocats, etc.

Les autres jours de la semaine, on traite les courriers entrants, qui viennent des justiciables (« j’ai besoin d’un avocat ») mais aussi des avocats (« ma désignation n’a pas été faite », « j’ai perdu le rôle des permanences », « j’ai un petit problème avec ceci », etc.). On examine aussi les demande de désignations introduites via l’outil informatique Front (Les demandes sont souvent jugées incomplètes pour manque de justificatifs des revenus). Enfin, on organise les différents rôles de permanences [NDRL : voir la liste à la fin de l’article], on envoie des mails de rappels aux avocats lorsque c’est leur tour et, lorsqu’ils ne sont plus disponibles, on cherche des remplaçants. Le nombre d’avocats volontaires pour les permanences varie, suivant le type de permanence. Cela va de 30-40 avocats pour la permanence étrangers à plus de 150 avocats pour la permanence première ligne. On manque toujours de volontaires ; donc, si vous lisez ces lignes, n’hésitez pas à vous inscrire !

FNA : De nombreux changements ont eu lieu ces derniers temps (nouveau directeur, nouveaux locaux). Comment tous ces changements ont-ils influé sur votre façon de travailler? Est-ce que vous êtes contents de votre nouvelle organisation ?

Mounir : Les nouveaux locaux, c’est merveilleux ! C’est plus propre, plus serein, les gens sont mieux accueillis, ils ont un espace pour s’asseoir, nous, on a un espace pour travailler, on n’a pas d’humidité, pas de champignons, etc.

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En ce qui concerne la direction, avant on avait des directeurs tournant par section (droit commun, étrangers, etc.). Cela avait pour avantage de nous laisser une grande liberté dans notre travail mais le défaut de manquer de leadership, c’était plus difficile quand il fallait prendre une décision, trancher. Aujourd’hui, on a un capitaine. Cela va faire bientôt trois ans qu’il est en place et il a amené une façon de travailler beaucoup plus rapide et efficace. Il tranche les différentes questions qu’on lui soumet. Il s’occupe aussi d’examiner les propositions de réformes de l’aide juridique, de la CAJ, des corrections, des contrôles croisés, des réunions BAJ qui regroupent tous les BAJ de la région, etc.

FNA : Quel(s) impact(s) les dernières réformes de l’aide juridique ont-elles eues sur les désignations (informatisation des procédures, augmentation des documents nécessaires pour avoir une désignation, augmentation des contrôles, etc.) ?

Mounir : Pour les personnes qui viennent aux permanences de désignation, c’est vite fait car on leur indique bien l’ensemble des documents qu’ils doivent fournir. Par contre, lorsque les demandes sont introduites directement sur le Front par un avocat, il manque souvent des documents et, là, la désignation prend beaucoup plus de temps car l’avocat doit retourner au client pour lui demander des pièces complémentaires et ensuite nous devons réexaminer la demande avant de la valider.

Lorsque j’ai commencé à travailler au BAJ, on était à environ 5.000 désignations/an. Aujourd’hui, nous sommes à environs 20.000 désignations/an. Les gens commencent à connaître le service et leur droit à une aide juridique gratuite. Mais c’est plus difficile aujourd’hui qu’avant d’y avoir accès car il y a beaucoup plus de conditions à remplir qu’auparavant.

FNA : Et quel(s) impact(s) les réformes ont-elles eu sur les avocats volontaires ?

Mounir : Il y a eu pas mal de désistements d’avocats avec l’entrée en vigueur de toutes les réformes mais, aujourd’hui, il y en a pratiquement autant qu’avant. L’aide juridique est dans l’ADN des avocats.

En ce qui concerne les stagiaires, ils n’ont plus d’obligation d’être volontaires. Il y en a encore mais beaucoup moins.

FNA : Quel est le meilleur souvenir de ta carrière jusqu’à présent ?

Mounir : L’inauguration des « nouveaux locaux – rue du palais » du BAJ . J’avais organisé la fête avec Sandra (concert avec des slammeurs liégeois et apéro). J’en garde un excellent souvenir. C’était vraiment une belle fête. L’angoisse ne m’a quitté que lorsque j’ai éteint la dernière ampoule et que tout c’était déroulé sans accroc.

FNA : Et ton pire souvenir ?

Mounir : Le pire c’est quand je me suis retrouvé seul face à un administré de feu Me Herbiet qui réclamait une désignation en me menaçant avec un couteau de cuisine (plutôt un couteau à beurre). Sinon, c’est lorsqu’on avait fait le compte des heures de permanence. Mabeth m’avait demandé le tarif horaire, je me suis trompé de un euro par heure, ce qui veut dire j’avais donné plus de 5000,00 euros en trop à tous les avocats, qu’on a ensuite dû aller récupérer auprès de chaque avocat.

FNA : Pour finir, quelques notes personnelles. Dis-nous un peu d’où tu viens, si tu as des enfants et quelles sont tes passions ?

Mounir : Je suis né à Tanger. Je suis venu en bateau avec mes parents quand j’étais tout petit. J’ai longtemps habité à Verviers puis j’ai migré à Liège. J’habite à Grivegnée depuis de nombreuses années. Je suis marié et j’ai deux enfants : une fille de 15 ans et un fils de 11 ans.

J’adore le jardinage. Cela requiert de la patience et de la bienveillance. Sur la première photo, on aperçoit un cactus que je suis arrivé à faire fleurir avec l’aide précieuse de mon épouse. Sur la deuxième, on voit mon jardin et ma superbe palissade en bois indigène que j’ai construite.

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Une autre passion est la gravure. Sur la photo, on voit une gravure que j’ai réalisée il y a quelques années. On réalise une gravure de la manière suivante : on grave une plaque, on met de l’encre, on enlève l’encre, il ne reste plus que de l’encre à l’intérieur des griffes, on prend une presse, on presse le papier sur la plaque et on obtient alors la gravure.

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FNA : Merci Mounir d’avoir partagé tout cela avec nous ! Bonne continuation !
Florence_Natalis

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Voici la liste de toutes les permanences existantes tenues par des avocats :
- Première ligne : tous les matins, au BAJ ;
- Info avocat : tous les après-midi, au BAJ, par téléphone ;
- Etrangers : 3x/semaine, l’après-midi, au BAJ ;
- Justice de paix : 2x/mois pour sept justices de paix différentes ;
- Jeunesse : deux avocats/jour, au tribunal ;
- Salduz jeunesse : deux avocats/jours, par téléphone ;
- Salduz : huit avocats/jour, par téléphone ;
- Disciplinaire Lantin : un avocat/jour, par téléphone ;
- Centre fermé de Vottem : 2x/semaine, sur place ;
- Logement : 2X/mois, avec le CPAS de Liège.

Le BAJ est toujours à la recherche de volontaires, pour les permanences ou les désignations, donc n’hésitez pas à vous manifester.

Les permanences de désignation ont lieu tous les jours, au BAJ. Elles sont tenues par les employés du BAJ qui procèdent à la désignation d’avocats dans toutes les matières.

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