Interview "flash" d'Isabelle Tasset !

Article

A l’heure de boucler cette nouvelle édition de l’Open Barreau, nous avons décidé, en dernière minute,  de contacter Maître Isabelle TASSET, actuellement Vice-bâtonnière. A défaut d’interview en bonne et due forme, nous l’avons interrogée par mail afin d’en savoir un peu plus sur l’origine de son engagement, le but de celui et les objectifs qu’elle s’était fixés.

Voici sa réponse « rapide » reçue par mail en attendant une interview plus… substantielle !

 

Vous m’interrogez sur l’origine de mon engagement et ce qui m’a motivé à envisager la fonction de Bâtonnier.

Ma candidature a été suggérée il y a plus de trois ans par le Bâtonnier sortant, en aparté d’abord, en assemblée générale de l’Ordre ensuite. Cette idée a fait son chemin, elle a été l’objet de discussions avec mes proches, en famille, bureau, avec quelques confrères et amis.

Avocate depuis plus de trente ans, mère de trois enfants, j’y voyais l’occasion de démontrer que la femme a sa place dans notre barreau.

Mère et fille d’avocat, je connaissais les sensibilités et les difficultés de chaque génération.

Ma décision était prise à la rentrée judiciaire 2015, j’espérais  avoir le soutien de mes pairs et une année de vice-bâtonnat pour me préparer.

La suite vous la connaissez.

La concurrence a en effet été rude, le combat loyal et j’en remercie Maître Jean-François Henrotte.

Nous avons depuis, mené un projet commun : la création du centre des MARC, qui regroupe le centre d’arbitrage, l’AISBL de droit collaboratif et  le centre de médiation.

Vous m’interrogez sur les points que je veux travailler durant mon bâtonnat.

Ils répondent à mes préoccupations qui sont nombreuses.

La justice est en évolution, il faut  préserver la place de l’avocat. Magistrats et avocats identifient la numérisation au monstre du Loch Ness. Il faut s’unir et anticiper.

La profession fait l’objet de critiques. Certaines sont fondées, il faut y remédier. D’autres ne le sont pas, il faut le faire savoir.

Les juridictions de la famille laissent bon nombre de justiciables et d’avocats insatisfaits. Il faut en discuter avec tous les intervenants.

Les nouveaux modes de résolution de conflit se développent,  sous réserve du droit collaboratif, l’avocat n’en n’a pas le monopole, le droit se complexifie sans cesse. Il faut se spécialiser.

Les conditions de travail sont difficiles, beaucoup peinent à atteindre un seuil de rentabilité confortable. Il faut remettre en question notre marketing et la gestion de nos bureaux.

Avocats.be développent des projets ambitieux qui visent l’accès à la justice, l’aide juridique,  l’informatisation, le contrat de collaboration et la place de la femme au sein de la profession. Il faut que chacun s’investisse dans ces projets.

 

Je veux relever ces défis. J’ai posé ma candidature avec la volonté de remédier aux critiques et aussi parce que  c’est  le rôle du Bâtonnier d’anticiper le changement, de le préparer et de l’analyser avec sérénité.

Je veux renforcer la confiance des justiciables, du monde judiciaire, du monde associatif et du monde politique pour que nous soyons   plus forts dans les négociations.

L’avocat  est le seul à  pouvoir analyser l’ensemble des données factuelles et juridiques de  dossiers complexes, à prodiguer des conseils stratégiques. Il maîtrise l’art de la plaidoirie, sa déontologie le rend digne de confiance. Les mandats judiciaires exercés par nos confrères administrateurs de biens et médiateurs de dettes sont de  grande qualité.

Il est temps de  faire  coïncider l’image que nous donnons de nous, à ce que nous sommes .

Vous m’interrogez sur les objectifs que je poursuivrai .

Les voici en quelques lignes :

Clarifier les règles de déontologie, les interpréter au regard des nouveaux modes de communication.

Organiser à Liège un colloque interactif sur l’avocat d’aujourd’hui et de demain, avec la participation de la CEPEJ (commission européenne pour l’efficacité de la justice) et de HEC-LIEGE Management School of the University of Liege.

Renforcer le partenariat l’ULG et le monde judicaire pour développer  un logiciel  qu’ensemble nous   alimenterons et maîtriserons et qui deviendra notre outil de travail. J’apprends que le barreau de LILLE initie cette expérience.  La justice ne peut être abandonnée à  quelques informaticiens, sur lequel nous n’aurons aucune prise.

Créer un centre de formation continue propre à notre barreau, pour élargir et renforcer nos compétences professionnelles au sens large.

Inviter  les magistrats  à participer à une discussion constructive sur les juridictions de la famille.

Réfléchir à la gestion de nos bureaux  avec l’aide de spécialistes en gestion financière et  humaine et en marketing. Repenser notamment le calcul de nos honoraires, envisager la mise à disposition de locaux équipés proches du palais, dans lesquels il sera possible de travailler et d’échanger.

Par des rencontres régulières, être à l’écoute des plus jeunes. Leur enthousiasme, leur idéal, leur volonté de développer une activité rentable et épanouissante, leur expérience du nouveau monde ne peuvent nous laisser indifférents.

Proposer un modèle de contrat de collaboration dont il sera possible de s’inspirer pour garantir l’équilibre entre vie privée et professionnelle. Je pense à un aménagement du temps de travail, au repos d’accouchement, au congé de paternité. Garantir une sécurité  d’emploi sera profitable à tous hommes et femmes jeunes et moins jeunes. A priori, je ne crois pas au contrat de travail mais suis ouverte à la discussion.

Intensifier le rapprochement avec les barreaux de Huy et de Verviers. Parler d’une seule voix nous renforcera tous. J’encouragerai l’organisation de projets communs (colloques, formations, réflexions, comités de direction communs.).

Être un membre actif de l’assemblée générale d’Avocats.be,   exiger de ses administrateurs des informations en temps utile sur les sujets à traiter pour pouvoir  voter avec un mandat précis. J’apporterai  une attention toute particulière à l’aide juridique,  à l’assurance  protection juridique, à l’avocat de demain.

Réorganiser la communication interne et externe de notre barreau avec des professionnels de la communication.

Être présente au bâtonnat pour assurer le quotidien.

Être à l’écoute des confrères en difficulté et de ceux porteurs de projets pour leur apporter le soutien nécessaire.

Je me prépare des journées professionnelles entièrement consacrées à l’Ordre et je m’en réjouis.

Je  sais que je ne serai pas seule et remercie déjà  tous ceux qui ont accepté de m’aider et de me donner leur confiance et je n’oublie pas mes collaborateurs.

Isabelle TASSET.

isabelle-tasset-small

Ajouter un commentaire

Texte brut

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
This question is for testing whether or not you are a human visitor and to prevent automated spam submissions.