Du côté de chez nos voisins : Interview de Maître Georges BALON PERIN

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Du côté de chez nos voisins : Interview de Maître Georges BALON PERIN

12 octobre 2016 : traditionnelle prestation de serment en Grande Salle de la Cour d’appel. Comme chaque année, notre Bâtonnier reçoit les nouveaux stagiaires des différents barreaux du ressort de la Cour, déplacés vers la cité ardente avec leurs mentors pour prêter serment. Ceux d’entre vous qui étaient présents n’auront pas manqué d’apercevoir le profil plutôt surprenant d’un jeune stagiaire namurois, qui s’est engagé à l’âge de 57 ans. Il s’agit de Maître Georges BALON PERIN, et nous l’avons rencontré.

 

Thibault Georges et Kenya Balon Perin

Maître BALON PERIN et ses deux enfants lors de sa prestation de serment

 

Maître BALON PERIN fait état d’un parcours très diversifié. Après une première candi (comme on disait à l'époque pour le bac) , Il est  ensuite directement rentré dans le monde professionnel en exerçant le métier d’éducateur dans un collège bruxellois tout en continuant ses études de droit aux Facultés Saint-Louis  qui venaient de créer une section en horaire décalé. Après l’obtention de son diplôme, en 1987 à l'UCL, il n’a cependant pas directement exercé comme juriste. En effet, dans un premier temps, il s’est abord investi dans l’entreprise familiale de son père, la Brasserie BALON PERIN à La Plante, en canton namurois. Il succèdera même à ce dernier pour diriger l’entreprise pendant une dizaine d’années. Son expérience dans le monde des brasseurs lui a ensuite permis de travailler plusieurs années pour la célèbre Brasserie INTERBREW. Enfin, en 2006, il quitta le monde des brasseurs pour s’engager dans le parti ECOLO comme conseiller politique pour l’organisation de plusieurs campagnes régionales.

A l’issue de ce parcours déjà bien diversifié, il a décidé de découvrir le monde de l’avocature. Quelques mois plus tard, nous faisons le point avec lui sur ce récent changement de carrière.

 

CH : Georges, cela fait maintenant plus de six mois que vous avez rejoint le monde de l’avocature. Cette décision représente un changement de carrière important, et surtout un grand challenge. Pourquoi avoir choisi le Barreau ?

 

GBP : J'avais beaucoup hésité à la sortie des études et avais finalement opté pour reprendre l’entreprise familiale (négoce en bières) : la bière avait été plus forte que le Droit … L'envie était restée dans un petit coin de ma tête et a finalement regermé dans la dernière ligne droite de ma vie professionnelle.

 

CH : Qu’en pensez-vous à l’issue de ces quelques mois d’exercice de la profession ?

 

GBP : La matière revient assez vite ce qui me conforte dans l'idée (malheureusement trop répandue dans le public) que le Droit ce n'est pas bloquer et retenir des Codes par cœur, mais surtout acquérir une méthode d'analyse et de réflexion.

La principale difficulté est par contre de sauter d'une matière à l'autre, ou d'un client à l'autre, trop souvent sans avoir le temps de faire le vide en soi, que ce soit d'un point de vue intellectuel par rapport à un dossier, ou d'un point de vue implication plus personnelle par rapport à un client.

 

CH : Maître MAUDOUX, votre patron de stage, est de quelques années votre cadet. Ce schéma est plutôt inhabituel. Cette différence d’âge pose-t-elle des difficultés dans le cadre de votre apprentissage du métier ?

 

GBP : La situation est effectivement inhabituelle mais ne nous pose aucun problème ni à l'un ni à l'autre. J'ai un grand nombre d'amis de ma génération au Barreau mais voulait absolument éviter d'aller en stage chez l'un deux : s'il faut une certaine complicité intellectuelle avec son patron de stage, j'estime qu'une certaine distance est nécessaire.

Maître Thibault MAUDOUX est je pense un Maître de stage « à l'ancienne » dans la mesure où il prend ma formation véritablement à cœur et qu'il considère le challenge comme tout aussi important  pour lui.

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Maîtres BALON PERIN et MAUDOUX

CH : Avez-vous déjà pu définir vos affinités pour un ou plusieurs contentieux en particulier ? Si oui, comment ces préférences se sont-elles développées ?

 

GBP : Dans mon métier précédant, j'étais beaucoup en contact avec les matières commerciales, les contrats de brasserie, les récupérations de crédits et les baux commerciaux, matières que je plaidais parfois moi-même.

Au Barreau, je privilégie par contre les matières « touchant aux gens » à savoir les matières pénales et familiales.

Même si, comme dans beaucoup de cabinet à Namur, il faut pouvoir « toucher à tout ».

 

CH : Avez-vous eu l’occasion de mettre à profit votre expérience professionnelle passée dans le cadre de votre stage ? Si oui, comment ?

 

GBP : Avoir « de la bouteille » permet surtout de distinguer plus facilement les enjeux essentiels d'un dossier, de comprendre rapidement la psychologie d'un adversaire, d'un juge ou d'un client et d'ainsi argumenter de manière plus efficace.

J'ai aussi un tout grand avantage par rapport à mes jeunes confrères : quand je suis désigné pour visiter en prison un gros bras multirécidiviste, on ne me fait jamais le coup du « z'êtes sûr d'être avocat, vous ? Z'avez déjà votre diplôme ? » … (rires).

 

CH : Les conditions du stage – notamment financières – ne sont pas toujours évidentes (charges professionnelles, revenus modérés, obligations en matière de pro deo, etc.). Est-ce toujours possible d’être stagiaire à 57 ans, avec une épouse et deux enfants majeurs ?

 

GBP : Je suis bien conscient que les premières années dans le métier d'avocat ne sont pas évidentes. C'est un choix dont nous avons discuté en famille : mes enfants sont bien conscients qu'il ne faut pas me demander de nouvel Iphone cette année … (rires).

Ceci dit, je pense réellement que la situation est bien plus difficile pour mes jeunes confrères stagiaires. Ils prennent clairement plus de risques que moi : ils vont sans doute débuter leur prêt hypothécaire alors que je viens de terminer le mien et ont sans doute moins de réseau pour débuter leur propre clientèle.

Je peux aussi compter sur le soutien sans faille de mon épouse, infirmière au quartier opératoire  du CHR  de Namur.

CH : Votre âge a-t-il facilité le contact avec vos confrères, tant les plus jeunes que les plus âgés ?

 

GBP : J'ai en général un contact assez facile avec toutes les générations et tous les milieux mais je vous avouerai avoir eu le même stress que pour ma première rentrée à l'école le jour où je suis arrivé à la séance d'information organisée par la Conférence du Jeune Barreau. Je ne connaissais bien évidemment personne et je « détonnais » un peu dans le décor.

Par contre, il y a vraiment une entente et une solidarité entre tous les stagiaires et je me suis donc très rapidement intégré dans cette « petite bande »

 

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Les stagiaires namurois à la prestation de serment du 16 octobre 2016

 

Propos recueillis par Claire HAZEE

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