Deux avocats liégeois en Mauritanie

Interview
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Me Mabeth BERTRAND, Me Jean-Baptiste PIETTE et Me Elisabeth KIEHL

Lors du congrès de la CIB en décembre 2011 à Nouakchott en Mauritanie, un concours de plaidoiries était organisé. Le Barreau de Liège y était dignement représenté par deux jeunes avocats dynamiques, Elisabeth KIEHL et Jean-Baptiste PIETTE que nous avons rencontrés pour vous.

 

JPJ : Vous avez participé au concours de plaidoiries du congrès de la CIB à Nouakchott en Mauritanie, pourriez-vous expliquer de quoi il s’agit ?

JBP : La Conférence internationale des Barreaux de Tradition juridique commune (CIB) a pour but de favoriser la coopération entre les Barreaux francophone de tradition juridique commune et de les aider à développer un Etat de droit. La CIB regroupe les Barreaux de plus de trente pays (Bénin, Burkina Faso, Cambodge, Suisse, Québec,… et évidemment la Belgique). En 2011, a eu lieu le 27ème congrès annuel de la CIB à Nouakchott (capitale de la Mauritanie), congrès où se réunissent des représentants des Barreaux participants (quelques 250 personnes). Dans le cadre de ce congrès un concours de plaidoiries est organisé permettant à quelques  avocats de s’affronter dans une épreuve d’éloquence. Les participants doivent publiquement défendre un sujet imposé (parmi un choix de trois) durant une dizaine de minutes devant un jury composé de confrères.

 

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Les candidats au concours de plaidoirie

 

JPJ : Comment avez-vous été sélectionnés pour participer à ce concours ? Comment se prépare-t-on à un tel concours ?

EK : Nous avons appris l’existence du concours de plaidoirie grâce à Mabeth BERTRAND, trésorière de la CIB. Les candidats doivent remplir un dossier de candidature (comprenant une lettre de motivation, l’aval du bâtonnier,…) et l’adresser à la CIB qui sélectionne une douzaine de candidats pour le concours. Quelques semaines avant la date de départ, nous avons reçu la liste des trois sujets imposés. Nous avons dû en sélectionner un et le traiter par la positive ou la négative.

Cette année les trois sujets proposés étaient :

-       Peut-on pardonner sans oublier ?

-       Peut-on résister à l’histoire ?

-       La mélancolie est-ce le bonheur des tristes ? (Elisabeth par la positive)

Jean- Baptiste a choisi le premier et moi, le troisième. Nous avons donc chacun préparé un texte argumenté qui développait notre position. Ce texte n’était qu’un canevas, seule la prestation orale étant réellement prise en compte.

 

JPJ : Quelle a été votre motivation pour participer à ce concours ? Quel sujet avez-vous abordé dans votre plaidoirie ?

JBP : L’attrait pour l’Afrique et la découverte de ce continent. Il s’agissait d’une première pour tous les deux. L’expérience a été extraordinaire : la rencontre et les échanges avec des confrères étrangers et, évidemment, le concours de plaidoiries étant tous les deux des amoureux de l’éloquence

Me Piette au concours de plaidoirie
Me Piette au concours de plaidoirie

JPJ : Quelles sont vos impressions suite à votre participation à ce concours ?

E.K : Nos impressions sont excellentes suite à cette expérience unique. Au-delà du concours (qui fût un moment riche en émotions), nous sommes tombés sous le charme de cette organisation qui permet à des confrères de tous horizons de se rencontrer autour d’un sujet universel : les Droits de l’Homme et de la défense. Nous avons eu l’occasion d’échanger nos expériences avec de jeunes avocats, notamment Africains, ce qui nous a permis d’appréhender une toute autre réalité de la profession.  Ainsi, pour l’ensemble du territoire mauritanien (plus de trente fois celui de la Belgique), il n’y a qu’environ 300 avocats inscrits au Barreau national. En comparaison, pour le Barreau de Kigali (jumelé à celui de Liège) où aura lieu le 28ème Congrès de la CIB, près de 800 avocats exercent leur profession.

[caption id="attachment_1060" align="aligncenter" width="616" caption="Me KIEHL au concours de plaidoirie de la CIB"] width=[/caption]

JBP : Nous avons également appris que, dans certains pays (africains), les avocats étaient contraints d’intervenir bénévolement au titre de l’aide juridique, aide qui n’est parfois par organisée par le gouvernement et doit, le cas échéant, être prise en charge par le Barreau lui-même et à ses frais. De même, la situation de la femme est totalement différente d’un pays à l’autre. Le témoignage de jeunes avocates mauritaniennes nous a particulièrement interpellés. A titre d’illustration, seules huit avocates et une magistrate exercent à l’heure actuelle à Nouakchott.

E.K : Pour ceux qui l’ignoreraient (comme nous, quelques semaines avant notre départ), la Mauritanie est une république islamique où certaines pratiques peuvent paraître incongrues pour de jeunes occidentaux: interdiction totale (et réelle) de l’alcool, interdiction pour un homme de toucher une femme en public (même pour la saluer), port du voile conseillé durant les audiences, liberté d’expression limitée notamment vis-à-vis du pouvoir en place,… Malgré cela, la Mauritanie gagne à être connue. En effet, les paysages désertiques sont magnifiques, les Mauritaniens globalement accueillants et généreux, et la multiculturalité omniprésente.

JBP : Au-delà du congrès, l’ambiance était excellente (les jeunes avocats étant logés dans le même hôtel). De nombreuses activités étaient organisées en marge des conférences telles une sortie mémorable en boîte, un treck dans le désert, une balade en dromadaire (ou chameau ?), de nombreux banquets (parfois déguisés),… L’expérience est d’autant plus formidable que les principaux frais (billet d’avion, logement, et repas) ont été pris en charge par la CIB, outre de nombreux cadeaux offerts par nos hôtes. Nous conseillons vraiment à tous de tenter l’aventure CIB !

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