Deux siècles de libertés

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Colloque multidisciplinaire organisé les 8 et 9 septembre 2011 par l’Ordre à l’occasion de son bicentenaire

Après le Barreau de Bruxelles, c’était au tour de celui de Liège de fêter ses deux cents ans d’existence au mois de septembre 2011. C’est en effet le 12 septembre 1811 que l’assemblée de la Cour impériale de Liège se réunissait pour la première fois. Pour célébrer cet événement, point d’autocongratulations mais au contraire une sollicitation à s’interroger sur le rôle de l’avocat dans la société, passée et actuelle, ici et ailleurs. C’est ainsi qu’à l’invitation du bâtonnier Lemmens, historiens, écrivain, philosophe, magistrat, avocats et homme d’Etat se sont succédé pendant deux jours à la tribune pour retracer notre histoire et interroger notre avenir, non sans nous interpeller, voire nous bousculer.

Entre passé, présent et avenir

L’après-midi du jeudi 8 septembre était placée sous le signe de l’histoire. Après un rappel de nos origines par les professeurs Georges Martyn (université de Gand, L’influence du modèle français sur les barreaux belges) et Philippe Raxhon (université de Liège, avec Veronica Granata, Censure et opinion publique à Liège sous le régime français), Foulek Ringheleim, ancien avocat et magistrat, aujourd’hui écrivain, fut le premier à nous interpeller grâce à un exposé empreint de solennité, de dignité et d’émotion consacré à l’attitude de la magistrature et du Barreau sous l’occupation.  En point d’orgue de cette première demi journée, Roland Dumas clôtura la séance du jeudi par un exposé brillant sur le « réseau Jeanson ». La matinée du vendredi 9 septembre était, quant à elle, davantage axée sur l’actualité. Premier orateur de la journée, Paul Martens nous rappela la difficile intégration de la présence des femmes au Barreau et l’incidence que celles-ci pouvaient avoir sur l’exercice de notre profession.  Me Tulkens enchaîna par un exposé sur les mesures anti-liberticides avec, entre autres, une difficile interrogation sur l’interdiction du port du voile. Mes Patrick et Julie Henry livrèrent ensuite un dialogue qui devait nous permettre de mieux comprendre l’avocat d’aujourd’hui et sa construction face à des gouvernements parfois réfractaires à son émancipation.  Volontiers provocateur, le professeur Delruelle (université de Liège) enchaîna avec un exposé de nature à susciter chez bon nombre d’entre nous une remise en question bienvenue en qualifiant les avocats tour à tour de pouvoir et de contre-pouvoir. Il appartenait enfin à Me Radhia Nasraoui, venue spécialement de Tunisie pour l’occasion, de nous narrer le combat des Tunisiens pour se libérer du joug dictatorial.  C’est par une salve d’applaudissements unanime et empreinte d’une émotion sincère que l’ensemble de l’assemblée salua le discours simple, spontané et profondément humain de Madame Nasraoui.

Un anniversaire intelligent

Le pari était risqué : convaincre les avocats de quitter leur cabinet, deux demi-journées, pour réfléchir à leur profession, sans contrepartie économique perceptible. Il fut non seulement relevé mais, mieux encore, gagné. Ce sont en effet plus de 150 personnes qui ont répondu présents à cette invitation salutaire. Ce colloque, atypique, nous a permis, l’espace de quelques heures, de nous interroger sur le sens de notre profession et sur notre rôle dans la société. Les temps ont changé depuis 1811, c’est incontestable. Et l’avocat de 2011 n’est plus le même. Il ressort toutefois de ces travaux que le Barreau a toujours été, et doit veiller à rester, un acteur essentiel de la société. Assurément, les avocats qui ont eu la chance d’assister à cet anniversaire du Barreau de Liège en sont aujourd’hui convaincus. Gageons qu’ils sont également persuadés de la nécessité de se remettre en question, sans cesse. Est-ce pour nous le rappeler que l’anniversaire s’est clôturé par l’inauguration d’une plaque commémorative sur les murs du Palais de justice, en présence du Gouverneur de la Province et du Bourgmestre de la ville de Liège ? Peut-être…

Jonathan Wildemeersch

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